Les enfants et la transmission dans une famille chrétienne et musulmane

M’Hamed, Bernard et Marianne présentent les fruits d’un des ateliers
M’Hamed, Bernard et Marianne présentent les fruits d’un des ateliers

Rencontre du 18 novembre 2017 à Strasbourg.

Tous les participants à cette rencontre ont bien conscience que la voie choisie n’est jamais simple.

Les questions culturelles et familiales sont omniprésentes. Il ne s’agit pas seulement d’épouser un croyant d’une autre religion, fut-elle monothéiste, mais d’accepter d’ouvrir une brèche dans sa propre appartenance culturelle, voire de mettre en danger son identité.

Les couples islamo-chrétiens témoignent aussi qu’un chemin de bonheur est possible et

que l’accueil de la tradition religieuse de l’autre vient souvent renforcer sa propre foi.

Accompagné par Arnold Pfaff, psychologue de l’enfance, et Khaled Roumo, écrivain, nous avons échangé autour de la question des enfants et de la famille : comment transmettre aux enfants la connaissance et les valeurs des deux traditions ? Comment prier avec eux ? Comment vivre les fêtes et les étapes de la vie ?

Différents ateliers ont abordé les questions de transmission. Existe-t-il des outils pour aider à transmettre la foi, des fois, à nos enfants ? Comment transmettre sans qu’il y ait prépondérance de l’un sur l’autre ? Est-ce qu’on fait les deux ? Est-ce qu’on ne fait rien ?

Souvent, les parents n’ont pas envie que l’enfant subisse leur choix. Comment respecter la liberté de nos enfants et pouvoir dire « c’est ton choix, ça se joue entre Dieu et toi » ?

Dans la tête des gens qui nous entourent, il y a incompatibilité de vivre les deux fois, on ne conçoit pas de ne pas choisir… Qu’en est-il vraiment ? Peut-on être à la fois chrétien et musulman, avoir une identité religieuse plurielle ?

Quelques pistes dégagées par les ateliers :

La relation avec les grands-parents

On a parfois peur des grands-parents trop religieux, qui sont très préoccupés de l’éducation religieuse de leurs petits-enfants, qu’« il faut combler ». Que les parents ne se méfient pas des grands-parents, que l’on doit reconnaître avec estime. Laisser les enfants lier leur relation avec leurs grands-parents. Ce rapport aux deux religions leur ouvre des espaces de liberté et de choix. La communication et la prise de position se fait « petit choix par petit choix », ce qui permet de construire sa transmission sereinement. Mais le dernier mot revient quand même aux parents. Il y a un besoin du couple de se positionner devant sa famille et son entourage afin d’éviter à l’enfant de se trouver entre deux feux (d’où l’importance de la parole et de l’échange au sein du couple).

Faire confiance à ses enfants

Recevoir la parole de l’enfant : les enfants sont nos maîtres d’apprentissage. Défendre la parole de l’enfant me porte. Les paroles des enfants dégagent une force d’amour. Les enfants ont des capacités de réception car les canaux ne sont pas encore bouchés. Les enfants nous posent des questions, nous interrogent, nous, les adultes. De par leurs questions, les enfants nous amènent, nous poussent à la réflexion. Parents-enfants : ne pas être dans la logique du « copier-coller ». La transmission se fait aussi par le comportement, transmettre les ingrédients de la vie et construire avec.

L’importance de la prière

Dans la relation avec les enfants, Dieu doit être au milieu. Prier dans l’unité, pas dans l’uniformité. Que les parents emmènent leurs enfants dans leurs lieux de pratique habituelle. La curiosité amène les enfants à prier. La prière est universelle, elle ne se rapporte pas qu’à la religion. La prière est parfois suscitée par une situation de détresse qui nous unit dans l’intercession, l’invocation pour une cause commune. Dépasser les formes religieuses pour aller au cœur à la spiritualité.

A lire également